Créé en 2014 sous le nom de SOS MAM (pour mal aigu des montagnes), Altidoc vient au secours des montagnards en n’importe quel endroit du monde, des Alpes suisses jusqu’au sommet de l’Himalaya, en cas de problème médical. Une vingtaine de médecins européens sont à disposition, 24h sur 24 et 7jours sur 7, via cette plateforme digitale. Le téléconseil est donné par le premier qui répond. Altidoc a notamment participé au sauvetage de l’alpiniste française Élisabeth Revol lors de sa dramatique ascension de l’Himalaya.
« La paternité de cette idée de téléconseil revient au médecin-urgentiste et guide de montagne français Emmanuel Cauchy, décédé l’année dernière dans le massif du Mont-Blanc, explique le médecin genevois Marc-André Raetzo, qui a depuis repris la direction du projet. Emmanuel Cauchy a été l’un des premiers réanimateurs à monter dans les hélicoptères pour secourir les montagnards. Constatant que les guides et les sauveteurs ne savaient souvent pas très bien comment prendre en charge médicalement les montagnards en difficulté, il a compris l’importance de la présence d’un médecin lors de ces interventions. Il a donc commencé par créer une association, l’Institut français de recherche en médecine de montagne (Ifremont), pour former les guides et les sauveteurs. Vu le succès rencontré par son initiative – de nombreuses expéditions l’ont contacté par téléphone –, il a décidé ensuite de mettre sur pied le service de téléconsultation et de téléconseil connu aujourd’hui sous le nom d’Altidoc, et dont la gestion a été transférée à Onex après son décès. »
Pour fonctionner, Altidoc s’appuie, d’une part, sur une centrale téléphonique qui réceptionne et dispatche les appels et, d’autre part, sur un logiciel de dossier médical en ligne. Les personnes qui désirent effectuer une expédition en altitude peuvent ainsi déposer leur dossier médical à la centrale, à Onex, avant de partir. Des consultations de médecine de montagne sont également possibles sur place,
dans le cadre de leur préparation. « Nous avons un laboratoire où nous pouvons tester leur sensibilité au mal aigu des montagnes », précise Marc-André Raetzo. Ce laboratoire, baptisé SportAltitude, est équipé d’une salle hypoxique où la quantité d’oxygène est artificiellement abaissée. Celle-ci est utilisée
aussi bien pour l’acclimatation des montagnards que pour l’entraînement des sportifs, toutes disciplines confondues, ainsi que pour les personnes obèses ou en phase de réadaptation médicale.
Se préparer pour savoir réagir
Altidoc est destiné à tous ceux qui fréquentent la montagne et qui ont pris un abonnement auprès d’un guide ou d’un voyagiste partenaire. Il y a par exemple ceux qui préparent leur premier trekking ou leur première ascension, ceux qui rentrent d’une expédition et/ou qui ont rencontré des problèmes liés à l’altitude ou au froid, ou encore ceux qui souffrent d’une maladie chronique et qui souhaitent savoir s’ils peuvent envisager un séjour en altitude. « Chaque année, de nombreuses personnes sont victimes de pathologies associées aux conditions de haute montagne. Des maladies préexistantes peuvent également s’y manifester et/ou s’y aggraver. Les personnes se retrouvent alors coupées du monde, dans un milieu hostile, obligées d’affronter une situation difficile, les premiers services médicaux n’étant souvent pas accessibles avant plusieurs heures de marche », rappelle le Dr Raetzo.
Pour pouvoir obtenir un avis médical personnalisé via Altidoc, il faut bien sûr disposer d’un moyen de télécommunication, mais ce n’est pas tout : « Pour que la télémédecine fonctionne à 100 %, il est également nécessaire que les accompagnants aient emporté avec eux une trousse de pharmacie et qu’ils aient suivi un cours de base sur les premiers secours. » La formation proposée par Ifremont se déroule au Népal, au Pérou, au Kilimandjaro, en Éthiopie ou à Chamonix, sur deux jours. Elle permet
d’apprendre à détecter les principaux problèmes médicaux susceptibles de se produire en haute altitude: outre le MAM, citons l’œdème cérébral, l’œdème pulmonaire, l’hypothermie, les gelures, les brûlures des yeux, l’infarctus et les fractures, essentiellement. Il importe non seulement de pouvoir
reconnaître les signes avant-coureurs et les différents stades de gravité pour chaque maladie d’altitude, mais aussi de connaître les mesures et les traitements adaptés pour savoir comment réagir. On estime que lors d’une ascension à 4 500 mètres d’altitude en moins de 24 heures, une personne sur deux est
touchée par un mal de montagne et une sur dix par un œdème pulmonaire. À partir de 2 500 ou 3 000 mètres déjà, certaines personnes pourtant en très bonne santé sont à risque de souffrir de l’une de ces pathologies, et cela après une période d’exposition qui avoisine les 6 heures pour le MAM et 36 heures pour les œdèmes cérébraux ou pulmonaires.