Fondamentalement, si le praticien dispose encore de quelques années avant son départ en retraite, il aura avantage à procéder à une analyse de sa situation globale, comme le préconise Albert Gallegos, responsable de la prévoyance au sein de la BCGE : « Par exemple, pour un médecin de cinquante ans affilié à une institution de prévoyance, on lui demandera tout d’abord quand est-ce qu’il souhaite partir en retraite et de quel revenu il voudra disposer à ce moment-là. Sur cette base, on reprend tout à zéro pour faire l’analyse de ses biens immobiliers, de ses placements, de sa caisse de pension, de la rente AVS à laquelle il aura droit – en principe le maximum. L’un des moyens classiques pour optimiser sa prévoyance est de procéder à des rachats dans son institution de prévoyance. Ensuite, on pourra procéder au choix de produits financiers. Quant à l’amortissement des biens immobiliers, il faudra évaluer si cela en vaut vraiment la peine ou non. »
Dans le cadre de cette analyse, la question de la reprise du cabinet lorsque le médecin part en retraite se pose fréquemment. L’idée est de pouvoir en tirer un « goodwill » lui permettant d’améliorer sa prévoyance. Malheureusement, cet espoir est souvent déçu, comme le constatent nos différents interlocuteurs dans le cadre de cette enquête. Les montants que les futurs retraités parviennent à obtenir sont générale- ment très modestes.
Retrait du capital et/ou rentes
La grande question sera ensuite de savoir quelle part de l’avoir de vieillesse le nouveau retraité peut retirer et quelle part il peut prendre en rentes de la caisse de pension, en précisant tout de même que certaines caisses n’offrent que l’option capital. En principe, l’idée est de réussir à couvrir ses dépenses fixes et incompressibles par des revenus qui le sont tout autant. A cet égard, les rentes du 2e pilier dans le cadre obligatoire offrent un taux de conversion extrêmement élevé, à 6,8 %. Il en va cependant autrement du taux de conversion du capital surobligatoire, qui tourne autour des 5 à 5,5 %. Même si ce taux reste nettement plus élevé que celui proposé sur les rentes viagères, on ne peut se limiter à ce seul paramètre.
La question successorale
En effet, comme l’explique Olivier Reymond, conseiller en prévoyance auprès de la BCV : « Il faut prendre en compte les considérations successorales : par exemple, si vous êtes divorcé avec deux enfants, il n’y aura normalement pas de restitution du capital non consommé sous forme de rentes. Donc, si vous attachez plus d’importance à la transmission de votre avoir de vieillesse qu’au taux de conversion, la rente viagère constitue une bonne solution. D’autant plus que l’addition des rentes versées et le solde rendu aux héritiers ne sera en principe jamais inférieure au capital de départ. »
Allant dans le même sens, Antoine Faure, responsable de la société de conseils financiers Univie à Carouge (GE), met en avant la souplesse qu’apporte ce genre de solution en l’adaptant aux besoins individuels : « Vous pouvez par exemple souscrire une rente viagère sur deux têtes avec une réversion (rente versée à la deuxième tête) de 100 % en faveur de votre conjoint, au lieu des 60 % prévus dans la LPP. »
Notre interlocuteur est également un grand partisan des rentes certaines, qui consistent au versement d’une prime unique, suivi immédiatement ou de manière différée du remboursement échelonné de ce capital, auquel s’ajoute un intérêt : « Ce produit permet de planifier sa prévoyance sur des périodes allant de 15 à 25 ans, avec un revenu défini, en bénéficiant d’une imposition limitée au rendement. A Genève, il est même possible de souscrire des rentes certaines sans valeur de rachat, en évitant donc l’impôt sur la fortune. L’avantage de cette solution est de pouvoir gérer le reste de son capital de manière plus performante car il n’y a pas de prélèvement à court terme. Cela permet d’appliquer une stratégie longue durée. »
Stratégie bancaire
Ces différents arguments ne convainquent cependant guère Roland Bron, responsable de VZ Vermögenszentrum pour la Suisse romande, en raison des rendements jugés beaucoup trop faibles dégagés par ce type de produits. VZ propose ainsi une solution alternative pour gérer les fonds sortis du 2e pilier comme le ferait une caisse de pension, de manière à garantir des revenus réguliers couvrant les besoins de ses clients.
Cette stratégie, qui est souvent celle des banques, repose sur le partage de la fortune en deux parties distinctes, détaille notre expert : « La première partie est placée de manière défensive, avec des obligations et des comptes d’épargne, dont le rendement est très faible mais qui bénéficient d’une sécurité élevée. C’est dans cette partie de la fortune que le retraité va puiser pour générer le revenu qui lui sera nécessaire pour couvrir ses besoins courants.
Quant à la seconde partie de la fortune, elle sera investie de manière plus dynamique, comme dans des actions ou des fonds immobiliers. Ces investissements sont évidemment plus risqués, mais dégagent une plus forte rentabilité. On peut établir ce genre de stratégie sur une période de 10 ans, au terme de laquelle sera épuisée la partie défensive. On pourra alors réapprovisionner cette dernière avec les gains générés par le portefeuille dynamique et recommencer l’exercice pour la période suivante. »