La téléconsultation est probablement la forme de télémédecine la plus pratiquée en Suisse.
Elle est surtout le fait de centrales liées à des assureurs-maladie dont les plus connues sont Medgate et Medi24. Toutes sont présentes sur Internet et atteignables 24 heures sur 24, 365 jours par année. Selon certaines estimations, elles enregistreraient annuellement plus de deux millions de contacts par téléphone ou vidéo.
Les téléconsultations ont pour but de conseiller les patients, de résoudre les problèmes de santé qui motivent leur appel et d’assumer une fonction de tri. Par exemple, il arrive qu’un patient soit référé à un confrère en ville, tandis que l’appel qui représente une urgence est en principe transféré à un médecin responsable en interne, qui peut décider de prévenir les secours lui-même. En moyenne, le taux de résolution par téléconsultation serait compris entre 50 et 90 %.
Ces plateformes digitales fonctionnent selon le modèle Telmed, par lequel les assurés qui ont accepté d’y souscrire s’engagent à contacter la centrale de leur assureur avant de consulter un médecin.
Environ 13 % des assurés suisses auraient choisi cette formule, l’intérêt pour eux étant de bénéficier d’un rabais allant de 15 à 20 % par rapport à l’assurance de base standard. Même s’il n’existe pas de comparatif officiel, il semble que ces prestataires présentent à peu près le même profil et proposent des prestations globalement similaires. Leur personnel (médecins, chefs de clinique et assistants) est habilité à délivrer des ordonnances, ainsi que des certificats d’incapacité de travail.
Ces documents peuvent être envoyés au patient, avec la confirmation du diagnostic, directement via une application téléchargeable sur App Store ou Google Play.
Historiquement pionnier, Medgate collabore avec une vingtaine d’assureurs-maladie, emploie plus de 300 collaborateurs et traite quelque 790 000 cas par année, avec des pics allant jusqu’à 5 700 appels par jour. Son concurrent Medi24, qui fait partie du groupe Allianz Partners, revendique près de 400 000
téléconsultations par année, avec un nombre d’appels pouvant également friser les 5 000 sur une seule journée, et un effectif de 120 spécialistes. Mentionnons également la plateforme eedoctors, proposée par l’assurance Sympany, et qui se présente elle-même comme « le cabinet médical sur smartphone ». Quant à Santé24, associée à l’assurance Swica, elle a démarré son activité de téléconsultation au mois de janvier 2019 et ne dispose donc pas encore de chiffres.
À côté de cette première catégorie de prestataires, on trouve des sites internet non liés à une
assurance en particulier, comme Tondocteur.ch qui propose des téléconsultations, l’envoi de prescriptions médicales dans la boîte mail de l’appelant et un système de prise de rendez-vous en ligne à partir d’une recherche dans son annuaire médical. La particularité de ce site est de fonctionner avec des médecins possédant pour la plupart leur propre cabinet. Citons enfin la plateforme Soignez-moi.ch, actuellement en phase de lancement. Celle-ci devrait s’aligner sur les autres pour ce qui est des prestations, avec un tri préliminaire des appelants et la transmission (en principe, dans l’heure) d’un diagnostic et éventuellement d’une ordonnance, directement via l’App. Les médicaments seront mis à disposition des patients dans la pharmacie de leur choix et un résumé du cas expédié au médecin traitant, afin de garantir le suivi. Des tests supplémentaires (p. ex. mesure de la glycémie, bandelettes urinaires, etc.) pourront au besoin être effectués en pharmacie.
Des solutions hospitalières
Restent les services de télémédecine proposés par certains grands centres hospitaliers pour un bassin de patients géographiquement limité. Parmi elles, l’application Hug@home, actuellement en phase pilote aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Elle offre une consultation électronique pour les soins à domicile après une sortie d’hôpital. « L’avantage premier est simple : éviter au patient de se déplacer inutilement aux urgences », explique la Dre Sanae Mazouri, médecin-cheffe de clinique au Service de cybersanté et de télémédecine des HUG. Traditionnellement, en l’absence du médecin traitant, le seul choix possible en cas de situation aiguë consiste le plus souvent à envoyer le patient aux urgences, ce qui entraîne chaque année plus de 2 400 consultations non vitales de degré 4 (non urgentes). D’où l’intérêt de cette application qui, à terme, devrait être proposée aux patients.
Mentionnons enfin l’application Infokids, également développée aux HUG, qui donne aux parents dont les enfants nécessitent une consultation aux urgences pédiatriques des conseils utiles (p. ex. comportement à adopter dans l’immédiat, temps d’attente prévisible après l’arrivée à l’hôpital, etc.). «Toutefois, il ne s’agit pas là de téléconsultation, mais plutôt de téléconseil et de régulation médicale», précise la Dre Sanae Mazouri.